éveil dans le coeur de Mizardia et maigres larcins

Daume s'étira longuement puis se leva. Le marché avait commencé et le paysan cherchait un acheteur pour son foin. Au centre de la place une estrade ornée de miliciens en arme attirait les foules. Il décida des les ignorer, la faim qui le tenaillait faisait passer tout le reste au second plan. Il jetta un regard furtif à l'homme qui l'avait conduit ici, ce dernier semblait trop occupé et pauvre pour subvenir à ses besoins, mais il y avait beaucoup d'étalages et suffisamment de monde pour dissimuler un larcin. Quelle pouvait être la punition pour le vol d'une pomme et d'une miche de pain?

Il se mit lentement en marche, Mizardia semblait bien plus petite que dans son rêve. Il n'y avait nul traces des tours immenses et fiers qui montaient inlassablement la garde, nul trace du château royale, imposante merveille d'architecture, et pire encore, pas la moindre trace du dragon majestueux qui survolait lentement les maisons en rugissant. A la place de fragiles maisons de bois, serrées les unes contre les autres formaient un cirque étroit où s'entassait une population vulgaire et pauvre.
Daume se joignit à la masse des villageois qui examinaient un étalage impressionnant et richement garnit de toute sorte de fruits et légumes. Le marchant hurlait pour retenir l'attention de chacun, des bourses et des paniers de marchandise voyageaient de mains en mains. Le garçon avisa un homme moyen habillé de pauvres vêtements propres. Il avait, pendue à la ceinture, une bourse qui suggérait une meilleur condition sociale que celle que présentaient ses vêtements, il pouvait s'agir d'un homme de main. Le domestique acheta beaucoup de nourriture, et la plaça dans deux larges paniers. Daume décida de le suivre tendis qu'il s'éloignait de l'étalage. Avant que l'homme ne disparaisse dans une ruelle sombre, le garçon attrapa un gros morceau de pain et se mit à courir se mettre hors de vue derrière une charrette. Le domestique s'était brusquement retourné et avait remarqué un peu tard le garçon. Il contourna lentement et silencieusement la charrette pour mettre la main sur son voleur.
Daume sentit soudainement une main agripper son épaule.

"Ah je te tient petit voleur! Rend moi tout de suite ce que tu m'as prit où bien il t'en cuira!"

Le garçon chercha à se débattre, il ne lâcha pas le morceau de pain que le domestique tentait de lui retirer des mains. Daume fut secoué, poussé, frappé.

"Je vais t'apprendre petite vermine!"

Argon venait de se faire inscrire pour l'exploration. Ils auraient surement besoin de soldats. Et d'un rôdeur. Et puis, cela rapporterait. Il alla donc, content d'être sûr d'occuper ses journées, se balader un peu sur la place du marché. Mais alors qu'il passait a côté d'une charrette, un remous l'attira. Il entendit comme les bruit d'un débattement, d'un combat de rue. Le nain décida de faire le tour. Il y avait peut être un problème là derrière, et en temps que soldat, il se devait de s'en occuper. Par prudence, Gorogi sortit son arquebuse, la chargea, et soudain, un autre bruit, plus sec, retentit. Il s'avança, et se retrouva devant une scène malheureuse.
Là, un pauvre garçon tenait un bout de pain, qu'il avait dû voler a l'homme qui tentait de le lui reprendre. L'homme était peut être mal habillé, mais vu tout ce qui s'entassait dans les paniers du domestique qui regardait la scène, apeuré, devait bien avoir encore de quoi se nourrir. Par rapport au pauvre jeune humain, qui était mal habillé, et qui ne devait pas avoir mangé depuis un bout de temps.
L'homme ouvrit de grand yeux en voyant l'arquebuse d'Argon, et lacha le garçon. Celui ci ne bougea pas d'un centimètre non plus.
"Qu'est-ce qui se passe ici, au milieu d'une si belle journée, pour que deux brave hommes comme vous risque leurs droits à vivre a Mizardia pour une miche de pain?"s'enquit le nain, content de pouvoir tenir en respect si facilement quelque villageois.

L'homme avait brusquement lâché son étreinte et s'était redresser pour faire face au nouvel arrivant. Daume était secoué, presque traumatisé, il tremblait encore. La douleur qui à présent se diffusait dans ses bras lui avait arraché une larme qu'il s'était empressé d'essuyer. La faim lui taraudait l'estomac et il s'attaqua à nouveau au morceau de pain ce qui irrita le domestique.
Ce dernier commença à relater la scène:

"Voila noble guerrier, ce jeune sauvage m'a dérobé un énorme morceau de pain que mon maitre m'a demandé d'acheter et si jamais je ne lui apporte pas il m'en coutera de nombreux coups de fouet!"